Le 22 octobre, le président de l'Université a déclaré à l'agence de presse News Tank à propos de la prochaine campagne d’emplois : "Il n'y aura pas de suppression d'emplois, mais la non-reconduction d'emplois laissés vacants. Cela contribuera à la maîtrise de la masse salariale et donnera des marges de manœuvre à l'Université". Les élus Sgen-CFDT au Comité technique de l'Université de Lille considèrent cette présentation fallacieuse. Les 53 emplois d’enseignants-chercheurs laissés vacants l'an dernier l'ont été à cause de gels de postes qui devaient être remis au concours cette année. Par ailleurs, 105 autres postes sont occupés par des agents non-titulaires. Sauf à considérer que l’emploi permanent est superflu, on ne parvient pas à comprendre comment une mesure réduisant le potentiel de recherche et d'enseignement de notre établissement pourrait lui donner des marges de manœuvre supplémentaires.
Une méthode contestable pour un résultat hasardeux
La campagne d'emplois 2019 est présentée aux instances sans justification précise. Elle a pourtant fait l'objet d'une importante préparation par les composantes et les laboratoires. Contrairement aux pratiques antérieures, aucun état de leurs demandes n'a été remonté afin de permettre au Comité technique d'évaluer l'impact d'une campagne zéro. Il en va d'ailleurs de même pour la demi-campagne BIATSS.
Par ailleurs, les documents présentés aux directrices et directeurs de composantes laissent apparaître que le gain d'une campagne zéro serait de deux millions d'euros en année pleine. Il sera toutefois compensé par la campagne d'emplois BIATSS et par le coût des contractuels engagés dans les composantes en tension. En outre, le Président a dernièrement évalué à 8 millions d'euros le coût du Glissement-Vieillesse-Technicité dont seule la moitié est prise en charge par l'État. L'objectif d'une économie de 9 millions d'euros affiché apparaît donc irréaliste. Le Président a d'ailleurs reconnu que l'on ne pouvait pas exclure une autre campagne d'enseignants-chercheurs du même type en 2020. Loin de faire gagner des marges de manœuvre, la campagne zéro en 2019 risque d'enclencher un mécanisme de gels de postes sur plusieurs années.
Avant de se prononcer sur une décision aussi lourde, les différentes instances doivent pouvoir disposer d'une information précise et loyale sur la situation et sur les perspectives à venir. Elles doivent pouvoir envisager des scénarios alternatifs pour faire des choix en connaissance de cause.
Construire une solution collective
Les élus Sgen-CFDT ne sous-estiment pas la difficulté de la situation. Ils ne cessent, au contraire, de la souligner depuis plus d'un an. Pour la dépasser, il est indispensable de construire avec transparence et méthode une solution collective. Cela passe par :
- Une présentation à l'ensemble de la communauté universitaire de toutes les données du problème pour cette année et pour les années à venir ;
- L'identification de toutes les disparités entre composantes et services tant en termes de personnels que de moyens financiers ;
- L'identification de tous les leviers possibles de maîtrise de la masse salariale, cette dernière ne se résumant pas au nombre de postes ;
- Une consultation élargie de toutes les sensibilités de notre université pour faire des choix collectifs sur plusieurs années ;
- Une démarche forte auprès de la tutelle qui doit prendre ses responsabilités. Celle-ci a laissé faire la fusion en dépit des réserves que lui inspirait la situation financière de l'Université. Elle doit aussi en assumer les conséquences.
Cependant, toutes ces initiatives supposent au préalable que soit apportée une solution rapide au défaut d'organisation pointé par la récente note d'étape de l'IGAENR. Les élus de la section Sgen-CFDT de l'Université de Lille demandent que cette note fasse l'objet d'une discussion approfondie en Comité technique. Pour trouver une issue à la situation présente, il est essentiel de ne pas recommencer les erreurs du passé.