Suite à l'annonce du plan de redressement, la présidence de l'Université a communiqué la semaine dernière son arbitrage pour la prochaine campagne d'emplois d'enseignants-chercheurs. De manière inédite, cette campagne 2018/2019 constituera une campagne dite "zéro" : aucun recrutement d'enseignants-chercheurs permanents n'interviendra donc sur les postes laissés vacants au terme de la présente année universitaire. La campagne BIATSS sera quant à elle une campagne largement en deçà des demandes et des besoins. Pour la section Sgen-CFDT de l'Université de Lille, cette décision est totalement inacceptable car elle résulte d'une dérive dénoncée depuis longtemps et elle annonce une grave dégradation des conditions de travail des personnels.
Des lendemains qui chantent à ... la table rase
Lors des élections, il y a un an, le Sgen-CFDT n'a cessé d'alerter notre communauté universitaire sur les problèmes financiers qui guettaient déjà notre établissement. Nous proposions alors d'en débattre pour trouver une solution collective avant les élections et pour donner aux élu.e.s un mandat clair. Notre appel a été traité avec indifférence voire avec mépris par ceux qui ont préféré taire sciemment ce problème. Les faits se sont cependant révélés têtus. Ils ont été rappelés dernièrement par une note de l’Inspection Générale de l’Administration de l’Éducation nationale et de la Recherche. Ce rapport s'est avéré cinglant pour la gestion de ceux qui, aujourd'hui comme hier, sont à la tête de l’Université : mauvais résultats financiers, mauvaise qualité du pilotage faute d'une politique claire en la matière, articulation difficile entre le politique et l'administration.
La campagne zéro, une décision inconséquente et injuste
La présidence propose une campagne blanche pour les postes d'enseignants-chercheurs. Ce choix est inconséquent. Il intervient maintenant alors que les groupes de travail promis pour donner un vrai contenu au plan de redressement ne sont même pas constitués. Il intervient maintenant alors que la lettre de cadrage budgétaire a déjà été adoptée en juillet dernier par le CA. Les missions des enseignants-chercheurs seraient-elles devenues à ce point accessoires à l'Université de Lille que l'on puisse se passer de tout recrutement ? Aujourd'hui, ce sont plus de 170 postes d'enseignants-chercheurs qui sont vacants ou occupés par des agents non titulaires. L'an prochain, une vingtaine de départs à la retraite sont prévus.
La campagne zéro est présentée comme une décision provisoire. Faut-il rappeler que l'an dernier des postes ont été gelés dans l'attente d'un dégel l'année suivante ? À l'Université de Lille, le provisoire risque de durer longtemps. Rien ne garantit d'ailleurs que l'argent économisé par une campagne zéro permettra une réelle maîtrise de la masse salariale. Rien ne nous garantit l'ouverture d'une prochaine campagne dans deux ans.
Cette situation risque d'affecter durablement les conditions de travail des personnels et les conditions d'encadrement des étudiants. À moins de fermer des formations, cette décision se traduira immanquablement par une pression accrue sur les collègues à faire des heures complémentaires alors que la priorité devrait être à leur limitation pour permettre aux enseignants-chercheurs de mener l'ensemble de leurs missions.
La campagne zéro est également une décision injuste qui reporte, encore une fois, les choix à faire pour réduire les disparités de taux d'encadrement que révèle la fusion. Une nouvelle année est donc perdue pour entamer ce chantier malgré toutes nos demandes.
Evidemment, la campagne très limitée en terme de postes pour les BIATSS est également inacceptable. Là aussi cette décision arrive en totale incohérence avec l'affichage d'une volonté de discussion avec les élus et les partenaires sociaux.
Que faire ?
Encore une fois, nous demandons aux membres du Conseil d'administration de prendre leurs responsabilités. Nous demandons que les campagnes d’enseignants-chercheurs et de BIATSS s'appuient sur le dialogue de gestion qui a mobilisé services et composantes. Nous demandons en particulier le dégel des postes non pourvus les années précédentes. Nous demandons aussi que les demandes soient priorisées, notamment en fonction des filières en tension et des besoins de proximité pour le service aux étudiants. Nous demandons, enfin, une réelle démarche pluriannuelle pour donner des perspectives claires aux personnels.
C’est sur la base d'une approche globale des coûts, de la discussion budgétaire à venir et des discussions avec le ministère qu’il sera possible d’y voir plus clair. Il est vrai que la politique du gouvernement va à l'encontre de la qualité du service public d'enseignement supérieur, mais comment fournir des arguments au ministère si nous ne savons pas nous-mêmes argumenter nos besoins ? Se priver de l'ensemble des postes d'enseignants-chercheurs, c'est envoyer au ministère le signal que l'on peut s'en passer !
La section Sgen-CFDT de l'université de Lille ne se satisfera pas d'une telle décision à l'emporte pièce, et lancera toutes les actions revendicatives nécessaires à la défense du service public d’enseignement supérieur et de recherche.