Le tout récent rapport annuel de la Cour des Comptes a confirmé les inquiétudes que la section Sgen-CFDT de l'Université de Lille exprime depuis plus d'un an. Il souligne les contradictions de l'État et du Rectorat qui, au mieux ont laissé faire, au pire encouragé, un processus de fusion tout en étant informés des difficultés financières d'un des trois établissements. Le rapport met aussi en évidence les situations différentes des établissements avant la fusion ainsi que les défauts de pilotage de l'un d'entre eux. Pire, la Cour des Comptes montre que la préparation de la fusion a été entravée : l'agent comptable préfigurateur n'a pas été mis en mesure d'accéder aux données de Lille 1 et Lille 2 et ce manque de transparence a continué en 2018 (p. 406). La Direction régionale des finances publiques n'a pu elle-même avoir accès aux informations nécessaires pour mener son diagnostic sur la soutenabilité financière de l'Université de Lille. Les élu.e.s des différentes instances ont donc été amené.e.s à se prononcer pour ou contre la fusion dans une opacité savamment entretenue !
Pour cette raison, le Sgen-CFDT attend du Président de notre Université ou du Conseil d'administration qu'il demande au Premier Président de la Cour des comptes la publication de TOUS les rapports d'observations définitives concernant les trois anciennes universités lilloises. Ce n'est qu'avec un regard lucide sur la trajectoire de nos établissements passés que nous comprendrons les failles que nous devons impérativement combler et les mauvaises pratiques à prohiber. Pour l’instant, la présidence n’a eu comme proposition qu’un gel des emplois, proposition simpliste et injuste que nous avons dénoncée.
Dans l'entretien qu'il a accordé à la Voix du Nord, le Président de notre Université (aux affaires de l'Université Lille 1 depuis 2012, d'abord comme 1er vice-président,en charge de la gouvernance et du pilotage, puis comme président) tend à minimiser la situation en considérant qu'elle est provisoire. Concernant l'évolution de la masse salariale, la Voix du Nord considère que le Président est pris entre le marteau des recommandations de la Cour des comptes et "l'enclume de syndicats très puissants dans un contexte très politisé". Nous ne savons pas si ces propos traduisent la pensée du Président de l'Université. Si tel est le cas, la manœuvre tendant à se défausser de sa responsabilité sur les syndicats n'est pas d'un grand courage ni d'un grand réalisme. En effet, le Conseil d'administration est dominé par une liste maison portée par le Président, et les syndicats dénoncent en vain un dialogue social désastreux.
La fusion était le moyen de construire une université pluridisciplinaire pouvant parler d'une seule voix. La mauvaise coordination des universités lilloises et la concurrence d'autres établissements lillois s'étaient avérées préjudiciables au service public d'enseignement supérieur et de recherche sur notre site. Pour que les premiers temps de cette fusion soit moins calamiteux, il aurait été nécessaire que les questions budgétaires soient débattues sans fard, comme notre syndicat le demandait, et que les élu.e.s puissent avoir l'information la plus complète.
Pour l'heure, notre université est épinglée par la presse, boudée par des fournisseurs impayés, avec un personnel en souffrance, épuisé par les restructurations en tous genres. Cette situation d'opacité et de déni de responsabilité ne peut plus durer. Le redressement promis repose d'abord sur la transparence et, pour que l'université soit sur des fondations solides, impose que du passé on ne fasse pas table rase.