Devenir de l'université de Lille

Soumis par anne-cecile.caron le ven 10/05/2019 - 09:41

Alors que la fusion des trois établissements lillois n'est pas encore stabilisée, le président souhaite mettre en place de nouvelles restructurations pour répondre au modèle de l'I-SITE. Le modèle d'université cible est une université qui associe fortement les écoles tout en étant partenaire des EPST, du CHU et de l'Institut Pasteur. Nos composantes actuelles devraient alors continuer de fusionner pour constituer une dizaine de composantes maximum ; rappelons qu'il y avait 24 composantes à l'université à la rentrée 2018, et que certaines d'entre elles ont déjà voté contre les fusions que la présidence voulait leur imposer. Ce nouvel établissement jusque là appelé ULNE devrait prendre le nom d'"Université de Lille" et voir le jour en 2022. Les représentants du Sgen-CFDT au Comité technique ont d'ores et déjà demandé que les différents CT soient associés à l'élaboration des statuts de ce nouvel établissement.

Vivement préoccupés par la situation actuelle de l'université et les conséquences d'une fusion mal préparée (suppressions de postes, problèmes de management dans des services redimensionnés, souffrance au travail, dégradation des conditions de travail, ...), il nous est difficile d'imaginer une nouvelle restructuration. Il est indispensable de nous interroger sur l'avenir de l'université concernant ses missions et son organisation.

Les missions

Rappelons que les missions principales de l'université sont l'enseignement et la recherche. La construction de cette nouvelle université nous amène plusieurs réflexions :

  1. La politique de l'université doit permettre une offre de formation variée et de qualité. Nous refusons de nous orienter vers un enseignement à plusieurs vitesses, avec d'une part des Graduate Schools où l'université mettra beaucoup de moyens pour peu d'étudiants et des formations encouragées parce qu'elles rapportent de l'argent (DU, CU, formation continue), et d'autre part des formations de moindre importance avec une incitation à l'enseignement à distance pour faire des économies, et l'abandon progressif de l'objectif d'aide à la réussite.
  2. Il est essentiel que la diversité de la recherche soit préservée, que l'on ne se limite pas au périmètre de l'I-SITE, et que de nouvelles thématiques soient encouragées. Le recours aux heures complémentaires pour pallier le manque de titulaires ne peut qu'affaiblir notre potentiel de recherche. Soutenir la recherche suppose que l'on ne supprime pas de postes d'enseignants-chercheurs comme ça a été le cas en 2019, année blanche (ou noire ...) pour les recrutements.

Dans ce contexte, les réflexions des groupes de travail "Plan de redressement" donnent matière à s'inquiéter.

L'organisation

Dans le projet stratégique de l'université, l'accent est mis sur l'autonomie de fonctionnement des composantes. Il est indispensable que les instances de l'université conservent leur rôle. L’Université de Lille ne doit pas être un conglomérat de composantes, de barronies plus ou moins bien dôtées, mais elle doit reposer sur une identité forte et exercer un pouvoir d’impulsion, de régulation et de contrôle tout en respectant un principe de subsidiarité qui tarde à être arrêté. En particulier, la politique RH et l'action sociale doivent être définies au niveau de l’Université qui doit être garante du respect de ses principes et de la réalité de sa mise en œuvre. Si des adaptations sont concevables en fonction de la réalité du terrain, il ne peut exister autant de politiques qu’il y a de composantes ou de services.

Le développement de ressources propres permet d'augmenter nos moyens, mais ces derniers doivent être utilisés pour nos missions, au lieu de favoriser le développement des inégalités (e.g. primes BIATSS propres à certaines composantes, référentiel des activités des EC complété sur ressources propres, chèques-cadeaux à Noël, etc ...).

Notre syndicat a toujours défendu les valeurs d'équité et de solidarité. Nous refusons un modèle qui accentuera les inégalités entre composantes, entre collègues et entre étudiants. La dilution de la gestion et de la représentation des personnels dans une multitude de composantes et de services va engendrer des inégalités de traitement mais aussi des comportements arbitraires de la part de la hiérarchie. La démotivation touche déjà beaucoup d'entre nous, les situations de souffrance au travail sont nombreuses dans notre établissement où les personnels ne sont pas encore remis du lourd processus de fusion.

Il est urgent de virer de cap, de trouver à notre université un sens qui soit autre que comptable ou élitiste.

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