Ce vendredi 6 mars, le Congrès de l'Université de Lille, regroupant le Conseil d'administration et le Conseil académique, va examiner la création de l'EPE, établissement public expérimental, regroupant au sein d'une même entité l'Université de Lille actuelle avec des Écoles (Centrale Lille, ESJ, Sciences Po, École d'architecture).
"Agile", "inclusive", entendons surtout "compétitive", c'est en ces termes que nous pouvons qualifier le projet de cette future université.
Ce vaste chantier intervient alors que la fusion de l'Université de Lille a à peine deux ans, que le processus est loin d'être arrivé à son terme dans l'organisation de celle-ci, et que certains peinent encore à (re)trouver des modalités de travail adaptées à la réalisation de nos missions.
Cet établissement, qui est calé en référence à un I-Site dont il n'est donné ici aucun bilan d'étape, réunira les grandes écoles, où les modalités de recrutement et de fonctionnement sont spécifiques, lesquelles garderont leur responsabilité morale, avec une dizaine de composantes de l'Université de Lille, qui auront conquis une autonomie en vertu de règles de subsidiarité qui n'auront pas été discutées.
Ce mastodonte instaurera un pilotage, à l'échelle de Lille Nord Europe, de l'offre de formation et de la recherche au sein de quatre "hubs".
Ce mastodonte instaurera un pilotage, à l'échelle de Lille Nord Europe, de l'offre de formation et de la recherche au sein de quatre "hubs".
Ce projet va se concrétiser,
- parallèlement à une structuration des composantes à marche forcée, en pleine période de ré-ingénierie de l'offre de formation - les objectifs de taille critique des composantes primant plus que la recherche de sens et de plus-value pour les étudiants et les personnels ;
- alors que des incertitudes planent encore sur la situation financière de l'Université de Lille avec des mesures de réduction des dépenses (masse salariale, programme d'investissements et de travaux...) ;
- alors que les processus administratifs et les règles de répartition des responsabilités entre services centraux et composantes ne sont pas encore totalement finalisés, ni unifiés.
Outre qu'elle va aggraver l'épuisement des personnels de l'université, cette nouvelle vague de restructuration nous inquiète fortement par le modèle proposé, du fait de :
- Une inéquité dans la répartition des moyens (budgets, emplois) au sein de l'établissement avec un risque d'accroissement des inégalités actuelles, entre "universitaires" et établissements membres, entre filières "classiques" et celles qui sont qualifiées d'excellentes, au profit de ces dernières, menant vers des graduate schools. Pour la recherche comme pour l'enseignement, pour les personnels comme pour les étudiants, les bénéficiaires de ce projet seront très peu nombreux.
- Un modèle de gouvernance où sont exclus la démocratie collégiale et le cadre d'un dialogue social. Le pilotage sera assuré par un directoire. Le conseil d'administration, lui, ne réunira que 40 membres, avec seulement 20 membres élus (sans détails donnés à cette "représentativité"). In fine, la voix des personnels et des étudiants de l'université, dans cet établissement, ne sera plus audible que dans les conseils de composantes, sous l'autorité des directeur.trice.s et doyen.ne.s. Et les nombreuses références à un fonctionnement "agile" en terme de gouvernance ou de politique RH ne sont pas là pour nous rassurer.
Vous trouverez le projet de l'Université Lille Nord-Europe en suivant ce lien :
Principes et engagements - document de travail pour le congrès du 6 mars