Notre demande de rendez-vous au Président était motivée par le besoin de faire le point après trois mois d’Université de Lille. Depuis janvier, nous sommes en effet régulièrement interpellés par de nombreux collègues qui font état de difficultés dans leur quotidien. Face à la perte de repères et de sens, à une déshumanisation, nous percevons des signes de démobilisation. Les rencontres avec les personnels que nous avons organisées les 27 et 30 mars nous ont permis d’avoir une vision plus précise des problèmes.
Le 12 avril , nous avons ainsi fait part au président de nos préoccupations, et d’un certain nombre de dysfonctionnements.
Notre première inquiétude concerne les finances de notre université, en particulier celle de la masse salariale, jugée trop importante. Les premières mesures prises, que nous avons pu dénoncer (non remplacement des congés maladie, maternité, ...), pourraient s’accompagner de mesures plus drastiques encore, comme le gel des recrutements de titulaires et la diminution du nombre de contractuels. Alors que la charge s’alourdit pour nombre de personnels (enseignants et BIATSS), la diminution de l’effectif des personnels rendra difficile, sinon impossible, l’accomplissement de nos missions.
L’absence de définition de la subsidiarité crée un malaise chez beaucoup de collègues, à qui on demande de faire plus, ou qui se trouvent aujourd’hui en attente de connaître le périmètre de leur mission. Ce n’est pas faute d’avoir demandé que la réflexion soit menée, et ce longtemps avant la fusion. Les missions des uns et des autres ne sont pas claires, créant des déceptions entre la fiche de poste initiale et la réalité, à tous les degrés de la hiérarchie. On ne perçoit pas de modèle pour l’Université de Lille, entre crainte d’une balkanisation et d’hypercentralisation. Les décisions politiques tardent à être prises, ce qui pénalise le fonctionnement de toute l’université. Il y a urgence à définir un modèle qui assure l’équité de traitement pour les usagers et les personnels. Nous avons demandé au Président que soit rapidement présentée une feuille de route avec la hiérarchie des problèmes à gérer.
Parmi les points régulièrement soulevés par les collègues figurent le sentiment d’une bureaucratie galopante, un empilement de procédures. On a l’impression qu’une très grande liberté pourra être donnée aux composantes en termes de RH ou de budget, mais qu’il faut douze pages pour acheter un ticket de métro, quatre documents à remplir pour rembourser une mission. Est souvent critiquée l’impression de goulot d’étranglement formé par le Central, la difficulté de connaître ses interlocuteurs, l’absence d’organigramme, l’absence de réponses à des problèmes posés, l’absence d’information pour cause de listes de diffusion mal connues, la diffusion par la voie hiérarchique ne fonctionnant pas toujours.
Nous avons relayé l’impression, souvent exprimée par les personnels, d’un politique lointain et donc éloigné de leurs préoccupations. La communication institutionnelle a été absente, hormis celle annonçant les vagues de déménagement. Il est urgent de réactiver la communication et les liens entre le politique et le personnel.
Le Sgen-CFDT a pointé à plusieurs reprises les dangers d’une fusion qui suscite des situations de souffrance au travail, et a toujours considéré que l’université de Lille n’aurait de sens que si elle permettait d’améliorer les conditions de travail, et l’exercice des missions d’enseignement et de recherche. Certes, nous ne sous-estimons pas l’ampleur de la tâche. Nous ne nous attendions pas à ce que l’Université de Lille se fasse en un jour. Mais, ce qui surprend et pénalise la naissance de ce nouvel établissement est l’absence d’un projet politique partagé, l’inquiétude de ne pas être en capacité technique de le réaliser, faute d’interlocuteur ou de motivation à répondre aux procédures. Les moyens et la confiance sont-ils suffisamment déployés pour permettre le pilotage d’un tel établissement et la subsidiarité dans les composantes ?
Il y a urgence à répondre aux inquiétudes car la démobilisation est contagieuse.