Madame, Monsieur,
Le 15 novembre dernier, après avoir constaté que "l'Université de Lille n’a pas les marges de manœuvre suffisantes pour proposer la mise au concours des postes vacants", le Conseil académique a adopté une motion appelant "les pouvoirs publics [à assumer] leurs responsabilités." Lundi, le Comité technique a émis une nouvelle fois un avis unanimement défavorable quant à la prochaine campagne d'emplois.
La section Sgen-CFDT ne se satisfait pas d'une motion dont la portée est essentiellement symbolique. Elle demande que la situation soit analysée de manière rigoureuse et transparente. À cet égard, c'est à vous, en tant qu'élu.e du Conseil d'administration, qu'il appartient d'exiger une information précise avant de vous prononcer sur une campagne d'emplois lourde de conséquences, puisque proche de zéro pour les enseignants-chercheurs et très limitée pour les BIATSS.
Nous souhaitons ainsi vous saisir d'un certain nombre de questions :
- Quelle est la prévision de l'évolution de la masse salariale sur les prochaines années ? Quelle est notamment la projection du glissement-vieillissement-technicité, et selon la pyramide des âges, peut-on avoir une vision des possibles départs à la retraite par service et composante afin d'évaluer la situation de notre établissement sur les 2 ou 3 prochaines années ? Un plan pluriannuel paraît indispensable, avec l'engagement que les emplois planifiés pour l'année N+1 paraissent effectivement (cf les postes gelés en 2018 qui auraient dû être dégelés).
- Quelles sont les différentes composantes de la masse salariale. En particulier, une limitation des heures complémentaires ne peut-elle pas constituer une autre marge de manoeuvre possible ? Quelles pourraient être les alternatives à une campagne zéro pour les enseignants-chercheurs ?
- Quelles sont les différences de taux d'encadrement entre les différentes composantes de l'Université ? Cette campagne va évidemment fragiliser encore plus les composantes en difficulté.
- Quels sont les besoins remontés par les services et composantes lors du dialogue de gestion ? Si le point précédent évoque les difficultés en composantes, il faut également mentionner ici les services de l'université dont la charge a augmenté depuis la fusion ou dont les effectifs ont diminué. Il n'est pas envisageable que le vote d'une campagne d'emplois se fasse en ignorant complètement les demandes, privant les élus de la possibilité de discuter des arbitrages.
- La Présidence et le Conseil d'administration envisagent-ils de répercuter sur les capacités d'accueil des formations les décisions relatives à la campagne d'emplois ? Cette hypothèse a-t-elle déjà été discutée avec le rectorat ? Une telle décision aurait évidemment un impact sur le public habituellement accueilli par notre établissement.
- La campagne d'emplois 2019 et le budget 2019, la première impactant le second, tiennent-ils compte des enseignements du rapport IGAENR et des rapports de la Cour des comptes relatifs aux universités Lille 1, Lille 2, Lille 3 ? Quand ces derniers rapports seront-ils rendus publics ?
- Si la responsabilité de cette cure d'austérité incombe principalement à l'État, pourquoi l'établissement devrait-il voter lui-même des mesures qui vont à l'encontre de ses missions ?
Nous savons que la situation est difficile. Mais nous considérons que les décisions doivent être prises sur la base d'une analyse précise de la situation par les instances collégiales de l'établissement. Nous nous résignons d'autant moins à constater l'absence de marges de manœuvre qu'une démonstration claire ne nous en a pas été faite. Même si cette absence était avérée, nous considérons qu'il serait impossible de sacrifier des postes essentiels à l'exercice de nos missions, ce qui nous engagerait sur une voie hasardeuse et injuste et affecterait durablement les conditions de travail des personnels et les conditions d'encadrement des étudiants.
Il est donc nécessaire d'engager un dialogue ferme avec notre tutelle en allant au-delà des simples motions.
La section Sgen-CFDT de l’université de Lille est prête à lancer toutes les actions revendicatives nécessaires à la défense du service public d’enseignement supérieur et de recherche.