L’Université de Lille a fermé ses portes au public à partir du lundi 16 mars 2020, et l’ensemble des personnels est passé en confinement, tout en assurant la continuité de service et en particulier la continuité pédagogique.
Nous remercions l’université d’avoir agi depuis la mi-mars pour aider les étudiants les plus fragiles, notamment par des aides financières ou des distributions alimentaires. Malheureusement, tout n’est pas résolu, c’est pourquoi nous avons souhaité nous associer à des organisations étudiantes et organisations de personnels afin d’envoyer un courrier au président de l’université évoquant des problèmes qui subsistent encore aujourd’hui.
Concernant les personnels, depuis le 11 mai, l’université a engagé un “plan de reprise des activités”, terme consacré en gestion des risques mais assez mal choisi puisque ces activités n’ont jamais cessé. Elles ont au contraire été réalisées dans des conditions dégradées, exigeant une dépense d’énergie considérable pour tous. Aujourd’hui, l’année universitaire se termine et nous préparons la prochaine, avec pour l’instant la consigne de continuer à respecter les mesures barrières. La ministre a d’ailleurs adressé une nouvelle circulaire à ce sujet le jeudi 11 juin : elle confirme que la rentrée 2020 se fera en mode “semi-présentiel”, ce qui s’ajoute aux difficultés dues à la mise en place de la nouvelle maquette.
Le Sgen-CFDT Nord-Pas-de-Calais mène une enquête auprès de tous les personnels BIATSS de l’académie, durant le mois de juin, sur le vécu de toute cette période conséquence de la pandémie COVID-19. Nous vous invitons à y répondre.
Nous – représentants du personnel – recevons énormément d’alertes de collègues épuisés par la préparation de la rentrée. Et le COVID-19 n’est pas l’unique cause de ces appels de détresse.
Reprenons pour cela l’historique de la conception de l’offre de formation 2020-2024 : la première lettre de cadrage avait été votée fin février et début mars 2017 par les CFVU des trois ex-universités. Les équipes pédagogiques ont commencé à travailler sur les contenus dès 2017, les dossiers d’évaluations de l’ancienne offre de formation ont été terminés à l’été 2018. D’après le calendrier présenté en 2017 à la CFVU, les nouvelles maquettes devaient être terminées pour février 2019, ce qui permettait d’y travailler pendant quasiment deux années, et de laisser le temps de régler les nombreux problèmes opérationnels, ainsi que de communiquer la nouvelle offre aux futurs étudiants avant la rentrée 2020.
Le 28 juin 2018, un cadrage plus précis mais néanmoins incomplet a été soumis à la CFVU. La mise en place de groupes de travail devant rendre leurs conclusions en février 2019 était forcément contradictoire avec le respect des délais initiaux. Depuis, le cadrage a évolué au fil de l’eau sans que l’on puisse disposer de documents clairs et précis ; sans qu’il y ait de compréhension uniforme de ce cadrage par l’ensemble des composantes et des services. Pour ajouter à la confusion, aucun espace dans l’intranet de l’université ne permet de connaître l’état actuel du cadrage, ni des procédures en cours. Depuis début 2018, notre organisation syndicale alerte la présidence sur ces problèmes méthodologiques qui entraînent de nombreux retards et dysfonctionnements, sans constater néanmoins d’amélioration. Tous les personnels de l’université chargés de la définition, la gestion ou la mise en œuvre de la nouvelle offre de formation et de la future rentrée sont complètement exténués, qu’ils soient BIATSS dans des services centraux ou en composantes, qu’ils soient enseignants ou enseignants-chercheurs.
Le mardi 9 juin, le comité technique a dû donner son avis sur le référentiel des activités des enseignants et enseignants-chercheurs portant sur les enseignements hybrides et à distance. Ce référentiel propose de compter indifféremment les heures à distance et les heures en présentiel. Ceci aurait un sens pour des enseignements déjà prévus dans ces modalités mais certainement pas pour des enseignements prévus en présentiel qu’il faudrait porter en distanciel ou hybride, surtout quand le cahier des charges prévoit un suivi individuel des étudiants. En groupe de travail “Plan de Reprise des activités”, Nicolas Postel a reconnu que la rentrée en mode hybride ou à distance avec le volume horaire initial des maquettes allait impliquer probablement de revoir à la baisse les contenus des enseignements. En clair, on ne pourra pas atteindre les mêmes objectifs avec ce volume horaire. Pourquoi alors nous proposer en comité technique un référentiel nous affirmant le contraire ? En fait, cette proposition de comptabilisation des heures présentielles/distancielles aurait du faire partie du cadrage des maquettes, et non du référentiel des activités des enseignants et enseignants-chercheurs, puisqu’il s’agit clairement d’un cadrage budgétaire et non d’une reconnaissance des activités.
Pour cette raison, les élus Sgen-CFDT au comité technique ont donné un avis défavorable à cette mesure, ainsi que les élus FSU. La CGT et le SNPTES se sont abstenus.
Modalités de contrôle des connaissances non votées, vérification des structures Apogées encore en cours, problèmes dans la gestion des emplois du temps, retards dans le déploiement du logiciel unique de gestion des heures ... arrêtons là car la liste est longue. Les délais impossibles à tenir entraînent des tensions au sein des services et composantes, d'autant plus que la notion de subsidiarité et avec elle la charge de travail des uns et des autres sont définis sans concertation préalable. Vues la détresse grandissante chez nos collègues et l’approche de la rentrée, nous souhaitons alerter une fois de plus la présidence : priorisons les tâches administratives de la préparation de la rentrée et reconnaissons enfin que tout ne sera pas terminé en septembre. De même, arrêtons de culpabiliser les enseignants et affirmons clairement que, pour le prochain semestre, comme celui que nous venons de vivre, les contenus des enseignements seront revus à la baisse faute de moyens suffisants pour les mettre en œuvre (faute de moyens humains, financiers et faute de temps). Arrêtons aussi de croire et de dire que tout cela n'aura pas d'impact sur les activités de recherche.
Les collègues BIATSS, enseignants et enseignants-chercheurs ne peuvent pas continuer à passer leurs nuits, leurs week-ends à travailler dans l’espoir que tout soit prêt en septembre. Le président ne peut pas se contenter de “remercier les collègues pour leur immense mobilisation” comme il le fait dans ses courriers, il doit aussi veiller à la santé physique et mentale de l’ensemble des personnes qui travaillent à l’université.